Une vision différente du handicap ! Le sport comme tremplin…
Nous avons eu la chance d’assister à la Journée internationale des personnes handicapées le 3 décembre dernier à Strasbourg. La ville a fait le choix d’axer cette journée sur la mixité sportive et la pratique sportive pour tous, des thèmes qui ont su passionner le public, nous les premiers !
Conférences, débats, reportages sportifs, témoignages ou encore démonstrations sportives se sont succédés avec la présence exceptionnelle de trois grands sportifs français :
- Raphaël VOLTZ – Champion du monde de tir sportif, 26 titres de champion de France, 3 participations aux JO dont 4 médaillées
- Pierre-Edmond PIASECKI – Vainqueur de la préparation olympique à la carabine 10 m en 2012 à Londres
- Béatrice HESS – Présidente du Comité régional handisport, championne paralympique de natation, 1984-2004, multiples titres mondiaux et européens
Le handicap : approche médicale vs. approche anthropologique

Lors de la conférence « Sports, loisirs et handicaps : enjeux et perspectives de l’inclusion » animée par Frédéric REICHHART, maître de conférence en sociologie à l’INSHEA [1], ont été abordées des notions qui peuvent paraître élémentaires de prime abord mais qui sont pourtant complexes, comme la définition du handicap [2].
Le handicap se définit selon deux courants [3] :
- Le courant « médical » qui définit, à la suite des propositions de Philip Wood, le handicap, comme la conséquence d’un état pathologique (maladie ou accident).
- Le courant « anthropologique » et, plus globalement, social, qui considère que le handicap est la résultante de la confrontation d’un être humain avec ses capacités et de son environnement avec ses exigences.
Les « facilitateurs » : la pratique sportive pour tous
Frederic REICHHART en distingue trois :
- L’innovation technologique qui se traduit par la création par exemple de fauteuil stabilisateur (ou fauteuil paramobile), de fauteuil tout terrain (ou joëlette), de ski en fauteuil ou encore du système audioplage.
- L’intervention humaine, avec par exemple l’intervention des handiplagistes (qui aident les personnes handicapées à se mettre à l’eau), des moniteurs de ski spécialisés et diplômés…
- L’aménagement architectural qui implique de prévoir des sols plats et réguliers, des espaces suffisamment larges (couloirs, portes, etc.), d’éviter les marches et de privilégier les plans inclinés ou encore d’intégrer des rampes à nos espaces publics.

Raphael Voltz médaillé au Jeu Paralympiques de Londres en 2012
Le maître de conférence clôture en parlant d’Oscar Pistorius, athlète amputé des deux tibias spécialisé dans le sprint. Cet athlète a su bousculer les préjugés : il est le premier à avoir participé à un championnat du monde pour les valides en 2011 [4]. Il sera également le premier à recevoir une médaille handisport à l’occasion de ces mêmes mondiaux. Le 4 juillet 2012, il devient le premier athlète amputé à se qualifier aux épreuves d’athlétisme pour les Jeux olympiques [5].
Le sport est porteur d’un message fondamental : il est possible de vaincre son handicap tant que l’on est fort mentalement. Ces athlètes ont un état d’esprit de battant, de challenger, qui leur permet de soulever des montagnes et de réaliser l’(im)possible !
La combativité est ainsi au cœur des différents discours, quelle belle leçon !
Lors de la table ronde qui suit [6], le cas d’Oscar Pistorius lance des échanges très instructifs entre Raphaël Voltz (athlète handicapé) et Pierre-Edmond Piasecki (athlète valide). Ils abordent notamment deux problématiques liées au handicap dans le milieu sportif : « Pourquoi ne pas permettre aux valides et aux handicapés de concourir ensemble ? » ou encore « Pourquoi ne serait-il pas possible de bousculer les mœurs en donnant une place plus importante aux compétitions handisport, aux jeux paralympiques au sein de nos médias ? ».
Autant de questions qui soulèvent un vent d’incompréhension au sein du public, qui s’indigne qu’en 2012 les mentalités n’évoluent pas plus vite.
Audace ? Goût du challenge ? La combativité d’un jeune étudiant de 18 ans à peine nous a laissé sans voix !

Aubin Barillon-Mettler étudiant en STAPS à Strasbourg
Pour clore cet article, focus sur Aubin Barillon-Mettler (Etudiant en STAPS), qui a fait l’unanimité ! Diplômé d’un BAC S, Aubin s’est inscrit en Faculté des sciences du sport (Staps) à Strasbourg en omettant de préciser son handicap alors que ce dernier se déplace en fauteuil roulant depuis l’adolescence.
Aubin a su agir et prendre son destin en main pour faire bouger les choses. Grâce à lui, l’Université a dû revoir son programme en adaptant son système de notation et en aménageant ses cours . « À l’exception des sports de combat et sur grand terrain, comme le football ou le rugby, je peux quasiment tout faire : musculation, natation, danse, basket, sports de raquettes, athlétisme, volley… », affirme-t-il dans une interview donnée au journal L’Actu [7].
En véhiculant un message d’espoir, l’action d’Aubin bénéficiera également à d’autres étudiants handicapés.
Nous lui souhaitons bonne chance pour sa carrière en handisport et spécialement en handibasket, qui s’annonce prometteuse !




